Introduction: Jardin Bio,
Jardin Biodynamique, Jardin d'Harmonie
Vécu comme un espace de liberté et
de maîtrise de son assiette, le jardin personnel doit avant tout,
être le lieu privilégié où l'on peut prendre le temps
d'observer, sentir, ressentir intérieurement la vie, et être une
leçon d’humilité devant les secrets, cycles et métamorphoses
de la Nature.
Car bien trop souvent, voit-on que tant
d’attentions mènent à l’erreur : combien de jardiniers
amateurs réagissent en « autodéfense » à la présence de la
moindre bestiole ou tache suspecte, par un traitement massif
(aucun traitement mais le fameux bidon de Round-up dans le garage
!) En effet, les jardins, pourtant très inférieurs en
superficie aux grandes cultures, participent de façon non négligeable
à la pollution (nitrates, pesticides) des nappes phréatiques
(les jardiniers consacrent plus de 3 milliards de FF chaque année
aux engrais et traitements) si bien que les légumes cultivés
ainsi peuvent compter des taux de résidus particulièrement élevés
!
L'Agriculture productiviste, dite
moderne et donc modèle du jardin, a déconsidéré l'Unité de la
Nature en imaginant la terre comme un objet inerte, alors qu'elle
est un ensemble de vibrations. Après des années d'expériences
au cours desquelles toutes les méthodes cadrant avec le naturisme
ont été essayées, le système du biojardinage s'est décanté
des théories rêveuses. Jardiner
bio aujourd’hui, c'est connaître et respecter quelques règles
essentielles, afin de bannir engrais chimiques et autres
traitements anti-naturels, pour justement obtenir de bonnes récoltes
abondantes et de grande qualité avec la saveur des produits non
forcés..
I/ JARDIN ÊTRE VIVANT
Pour qu’un jardin puisse trouver son
harmonie, il doit s’inscrire dans la Nature, c’est à dire que
tous les règnes y soient présents et y vivent en bonne harmonie,
car un jardin déséquilibré se rééquilibrera
de lui-même par une invasion
d’insectes parasites (pucerons), taupes ou mulots, oiseaux, et
autres lapins indésirables. Il doit respecter les 3 équilibres
fondamentaux:
-ÉQUILIBRE DE LA FLORE (règne végétal)
: flore (potager, pelouse, massifs de fleurs, coin des plantes
condimentaires, aromatiques et médicinales -le « jardin
bouquetier » d’Olivier de Serres-, le verger, les haies, ..
-ÉQUILIBRE DE LA FAUNE : quelques
animaux y seront utiles: canards, un âne ou un cheval, sans
oublier des abeilles, et/ou plus simplement quelques poules naines
dont le rôle est de gratter le sol pour en éliminer certains
insectes et des graines d'adventices. Elles reçoivent dans leur
enclos des déchets du jardin ou du ménage qu'elles trient
(insectes, graines), affinent, mélangent de telle sorte qu'il n'y
a plus qu'à mettre ce mélange en tas pour avoir, en quelques
mois, si possible avec l'aide des préparations biodynamiques, un
excellent compost.
Si l’on ne peut vraiment pas avoir, chez
soi, quelques animaux, il faut, chaque année, apporter au jardin
du fumier bio par l'intermédiaire du compost (voir plus loin).
voir livre "creer son rucher"
-ÉQUILIBRE ENTRE LES 4 ELEMENTS
Un tel jardin se maintient lui-même
en bonne santé et résiste mieux aux épreuves telles que les aléas
climatiques (sécheresse, tempête, excès d'eau ...). Il
crée sa propre fertilité car ses différents organes sont en
relation entre eux et s'entraident. Petit à petit il y a moins de
« mauvaises herbes », qui sont là, entre autres, pour rétablir
les déséquilibres du sol, moins de parasites, qui sont là pour
la même raison (par exemple : puceron, en cas d'excès de sève
par temps humide et couvert).
DE L'UTILITE DES
"MAUVAISES HERBES"
«Qu'est ce qu'une
mauvaise herbe : une plante dont on a pas encore découvert
les vertus » R.W Emerson
Dans la
nature, les adventices
(du latin ad et venere venir avec),
appelées à tort, « mauvaises herbes » notamment du
fait de leur grande capacité à se reproduire ou à
persister dans le sol, sont le premier stade entre un
sol nu et la forêt, terme de l'évolution normale de
la végétation dans nos régions. Poussant
naturellement là où elles trouvent tout ce dont
elles ont besoin pour vivre, elles sont parfaitement
adaptées, et de fait, donnent des
informations précieuses
sur le sol.
Si dans
les semis, il faut systématiquement les éliminer,
lorsque les plantes sont adultes, les adventices ne
sont plus génantes et sont même souvent de très
bonnes plantes-compagnes. Dans la nature, il n'y a rien
d'inutile ! La compétition
avec les plantes cultivées n’a pas lieu si l’on
sait utiliser les « mauvaises herbes ». En effet,
celles ci permettent spontanément au sol de se
régénérer de par leur
faculté à concentrer les minéraux et les oligo-éléments
qui tendent à s'épuiser dans un sol cultivé de manière
intensive. Elles l’aèrent
et le protégent aussi
car elles amortissent l'impact des gouttes de pluie
qui ont tendance à le tasser. Elles permettent aussi
de contrôler les
parasites des plantes
cultivées en augmentant l'abondance des prédateurs.
Voici les plus
courantes (et qui plus est, des plus comestibles !) : Amaranthe
- Armoise - Bardane - Bourse-à-pasteur - Chénopode
blanc - Egopode - Laiteron - Lamier pourpre - Mauve -
Moutarde noire - Ortie - Oxalis corniculée - Grand
plantain - Rurnex crépu - Stellaire - Tanaisie
|
II/ LA TERRE : CONNAÎTRE
LE SOL
Pour utiliser un terrain, il faut en
connaître la terre et ce qu'elle doit être pour la culture des
fleurs, des légumes ou la mise en verger.
Le sol, couche supérieure de la terre, a
une composition chimique sensiblement égale sur toute l'épaisseur.
Il comporte 2 parties :
-Le dessus
: terre aérée, légère (suivant la teneur en argile),
riche en aérobies. Utilisée par les premières racines des
plantes, elle a besoin d'être très riche en humus et en eau.
-Le dessous:terre
plus compacte qui contient surtout des anaérobies. Un terrain
largement piétiné ou travaillé par des tracteurs en fait un véritable
béton, sans cohésion avec la surface, rendant difficile la pénétration
des racines des plantes. Le labourage profond n’est pas le remède,
puisqu’il désorganise totalement ces 2 couches. Aussi, sans
apport de fumier pour réensemencer en microorganismes, on
obtient rapidement une terre pauvre et fatiguée.
Sous le sol arable, se trouve le sous-sol
rocheux, généralement de
couleur plus claire. Il a une importance exceptionnelle pour la préparation
d'un verger.
Que ce soit le sol actif, le sol inactif
ou le sous-sol, 4 composants assurent leur formation : sable,
calcaire, argile, humus. Ces particules minérales proviennent de
la décomposition des roches sous-jacentes et déterminent la
nature du sol selon leurs tailles.
-Le sable siliceux : s’il
n'influe pas beaucoup sur la culture, sa présence est
importante car chaque élément s'enrobe d'humus et retient
de l'air dans les interstices
formés autour de lui par les autres grains qui n'épousent pas
sa forme. Une terre riche en sable siliceux, et régulièrement
enrichie d'humus, est une terre de culture maraîchère.
-Le sable calcaire évite
l'acidification du sol, mais le sous-sol calcaire est mal
supporté par beaucoup d'arbres fruitiers. A la différence du
sable siliceux, le sable calcaire ne reste pas grossier; le
carbonate de calcium se dissout peu à peu dans l'eau circulant
dans le sol et forme des sels de calcium (bicarbonate de
calcium) avec les différents éléments rencontrés.
Les sels de calcium entretiennent la
neutralité de la terre, très importante ; l’acidité
est indiquée par le pH : les plus acides sont les sols tourbeux
ou humifères. À l'opposé, les sols calcaires sont alcalins.
Les bonnes terres de jardin ont un pH compris entre 6,3 et 7,5).
Le bicarbonate de calcium agit électivement sur l'argile et
permet d'en obtenir des terres meubles. Le bicarbonate de
calcium circulant dans les eaux est éliminé en grande partie
par les eaux de drainage, et vers le sous-sol, vers les parties
basses des cultures, au détriment des hauteurs. C'est pourquoi
il faut chauler de temps en temps, surtout si le terrain a un
sous-sol siliceux.
-L'argile est constituée d'éléments
extrêmement fins ; elle est colloïdale. Provenant des décompositions
physiques et chimiques des roches du sous-sol profond, elle
contient des silicates de toutes natures. Ces éléments colloïdaux
restent en suspension dans l'eau ; ils ont besoin des sels de
calcium pour se créer une structure (floculation par
absorption). Ainsi elle fixe les sels minéraux et donne une
grande richesse à la terre, mais cette richesse n'est
utilisable qu'en terrain bien irrigué, la circulation de l'eau
per-mettant la désagrégation des floculats d'argile et la libération
des sels métalliques, entre autres du phosphore.
-L’Humus : les qualités
biologiques d’un sol dépendent de la quantité de matières
organiques contenues (matière végétale et animale en décomposition,
apport extérieur) et des organismes (vers, bactéries,
champignons microscopiques qui transforment l'ensemble de Ia
matière organique en humus. (voir plus bas). La terre arable
vit grâce à l'humus qui organise les échanges entre le haut,
l'atmosphère, et le bas (échanges au niveau de l'eau, de
l'air, de la chaleur et même de la lumière) : sarclages et
brossage, ou grattage par des binages, sont donc indispensables.
III/ LUMIÈRE ET TEMPÉRATURE :
DE LA NÉCESSITE DES HAIES
Pour qu’il y ait équilibre
entre l'ombre et la lumière en toute saison et à toute heure,
il faut déterminer l'emplacement du jardin par rapport à
l'orientation (ensoleillement au maximum), aux voisinages, à la
route (recherche du silence). Peu de végétaux résistent à un
passage brusque de l'ombre au plein soleil, et les gros écarts de
température associés.
Une barrière à clairevoie, doublée
d'une haie (semi) persistante, une haie de troènes de seulement
30 cm d'épaisseur, peut être suffisante pour isoler le jardin et
climatiser son atmosphère. Les haies, sont ainsi absolument nécessaires
autour des cultures. Il ne peut y
avoir de culture biologique sans haies, véritables murs de défense
des plantes et des arbres fruitiers
; elles permettent le nichage des oiseaux, si elles sont taillées
et élaguées très superficiellement, afin de ne pas déranger
les nids. Il faut mélanger les essences d'arbres qui les forment
afin que certains procurent un abri d'hiver par leur feuillage
persistant et les autres une nourriture par leurs baies. L'été,
les insectes prédateurs se réfugient dans les haies au coucher
du soleil car la chaleur y est emmagasinée, et les oiseaux ont
ainsi de grandes facilités pour débarrasser le jardin des
importuns.
IV/ ARROSAGE: AU BON ENDROIT AU
BON MOMENT
Avec la culture biologique la terre
est plus « vivante », se tasse et se durcit moins, aussi
retient-elle mieux l'eau.
Cependant, pour entretenir cette vie du sol, ces micro-organismes
présents dans la terre humique, une certaine humidité est nécessaire.
Les légumes surtout ont besoin de compléter l'eau du ciel par
des arrosages. Reste à utiliser une eau de qualité, sans excès
ni gaspillage, au bon endroit et au bon moment.
- L'eau
d'arrosage idéale doit être aérée, non traitée
(l'eau de ville est généralement traitée au chlore), pas trop
calcaire et pas trop froide : autour de 10°C au printemps ou en
automne, et 20-25°C en été. Il faut laisser décanter en récipient
ouvert les eaux traitées. La meilleure eau d'arrosage reste l'eau
de mare (une mare dans le jardin attirera de nouvelles plantes et
de nombreux animaux – à défaut, une fontaine, ou des vasques
vives), l’eau de rivière ou de pluie. Il faut éviter les récipients
de récupération ou de stockage en matières oxydables, ou ayant
contenu des produits toxiques.
- Arroser aux heures de pleine
chaleur peut engendrer brûlures ou maladies (choc physiologique,
coulure des fleurs ou des fruits), et développement de
champignons parasites (oïdium, mildiou, botrytis, etc.). Lors des
périodes chaudes et sèches, il faut arroser en fin de journée
(après 18h solaire), lorsque la température du sol, de l'air et
des plantes a baissé. Quand on ne peut arroser le soir, on peut
le faire le matin jusque vers 10h. Le reste de l'année, il est préférable
d'arroser en fin de matinée.
Si l'arrosage par aspersion (arroseur ou
jet) est facile, simple et peu onéreux, il mouille le feuillage
et augmente les risques de maladies. Des cucurbitacées arrosées
le soir en période de canicule verront les jeunes fruits flétrir
et pourrir (coulure). Des tomates arrosées irrégulièrement
formeront le « cul noir ».
-Le bon arrosage se fait de préférence au
pied des plantes, à la main l'arrosoir ou au tuyau, ou par
remplissage de rigoles. Les dispositifs type goutte-à-goutte,
bien qu'un peu cher sont vite rentabilisés car ils permettent
d'apporter la juste quantité.
BESOINS DIFFERENTS SELON LA
PLANTE
L'arrosage dépend aussi du sol des
plantes. Des arrosages plus
abondants mais plus espacés sont préconisés dans les sols
argileux ou riches ; ils doivent être plus fréquents et moins
abondants dans les sols légers et pauvres.
Pour stimuler l'enracinement, éviter des arrosages trop fréquents
et superficiels. Un arrosage efficace doit pénétrer en
profondeur, correspondant à au moins 20 mm d'eau (2 arrosoirs par
m²).
Semis, repiquages et jeunes plantations
doivent être arrosés tous les jours au démarrage, puis il faut
espacer. Les besoins en eau dépendent
aussi du stade de développement :
les plantes en pleine croissance doivent être abreuvées, mais
les apports d'eau sont à limiter pour celles qui sont en train de
mûrir. Un excès d’eau sur une culture prête à être récoltée
aura un effet négatif sur sa saveur et sa conservation.
En règle générale, on peut reconnaître
les exigences en eau d'une plante en regardant son feuillage
: les plantes d'ombre, plus exigeantes, ont des feuilles plus
tendres et plus larges que les plantes de soleil. Les plantes
sobres ont des petites feuilles résistantes à la sécheresse.
*Plantes sobres à arroser lorsque
le sol est sec |
- Plantes de rocailles,
pelouses rustiques, arbres et arbustes ornementaux,
arbres fruitiers de plein vent.
- Légumes : ail, échalote,
oignon, fève, lentilles, pois.
|
*Plantes d'exigence moyenne à
arroser 1x (bon sol) ou 2x (sol léger) par semaine. |
- Fleurs
- Gazons fins
- Légumes: artichaut,
asperge, arroche, bette, betterave, chicorée sauvage,
choux, citrouille, cornichon, endive, fraisier,
haricot, mâche, melon, navet, panais, pomme de terre,
salsifis scorsonère, topinambour.
|
*Plantes exigeant un arrosage tous
les 2 ou 3 jours. |
- Plantes d'ombre
- Légumes : salades,
cucurbitacées (courgette, concombre), solanacées
(tomate, poivron, aubergine).
|
Les fréquences
indiquées correspondent aux périodes de beau temps.
L'arrosage quotidien ne se justifie que pour les plantes
en pot les plus exigeantes, et dans les sols sableux en période
de canicule. |
PAILLAGE: ECONOMIE D'EAU ET
CONFORT
Le paillage limite l'évaporation,
garde le sol frais, limite le développement des mauvaises herbes.
Après avoir désherbé, éclairci, et biné soigneusement, on répand
entre les plantes une couche régulière (plusieurs centimètres)
de matériau protecteur. On utilise pailles, fougères, genets,
paillettes de lin, écorces de cacao, etc. Pour les plantes
vivaces, on peut utiliser des rafles de maïs, des branchages, ou
même des petits graviers. Les produits acides (copeaux de bois,
écorces broyées, aiguilles de résineux) doivent êtres réservés
aux arbustes et plantes vivaces acidophiles. Les tontes de gazon
sont étalées en couche fine (mulching) et renouvelées au fur et
à mesure de leur décomposition.
V/ FERTILISATION
La terre bien nettoyée, aérée, reposée,
après un hiver improductif, n'est pas forcément une bonne terre
si elle a été malmenée, usée par des cultures intensives, ou
si sa composition originelle est déséquilibrée. L'excessive
acidité du terrain ne permet pas toutes les cultures, prédispose
aux parasites, etc. Le manque d'humus est la carence la plus grave
car sans lui, aucune culture n'est possible. Quelques
années d'abandon de la fertilisation conduisent à l'épuisement
du sol. Il faut rendre à la Nature ce qu'elle donne.
Les 2 clés de la réussite sont
fertilisation et le travail du sol, qui doivent respecter sa
nature et les cycles biologiques.
PROPRIETES DE L'HUMUS
L’humus est le produit de la digestion
des micro-organismes désagrégeant les débris organiques végétaux
et animaux déposés sur le sol ou enfouis (un
épandage de potasse chimique mange l'humus
et réclame un apport de fumier ou de terreau). La
composition minérale de la terre du jardin guide donc le choix
des cultures. Mais même idéale, elle ne donnera pas de bonnes récoltes
saines si l'humus est absent. Dans
une terre trop lourde, un apport d'humus allège notablement le
sol ; l'humus aide l'argile, par agglutination, à former des
floculats permettant l'aération de la terre. L'azote
organique très présent dans l’humus, a besoin de l’eau et de
l’oxygene de l’air (arrosages, binages) pour être directement
assimilable par les plantes.
L'humus est usé par le jardinage
; après le ramassage des légumes, il reste peu de déchets
organiques sur le sol, la demande en humus est beaucoup plus
importante que l'offre spontanée. Il faut, chaque année, faire
un apport important de matières organiques. Sans elles, la terre
devient aride, puis meurt.
Chaque fois qu'il est possible, il faut éviter
de laisser nue la terre qui
devient inapte à la vie des petits animaux, se dessèche et
demande des arrosages et des binages fréquents. En la recouvrant
de mousse, véritable édredon végétal,
on maintient une humidité constante (en soulevant de temps à
autre un coin de mousse, on trouve une belle terre fraîche,
friable, habitée de quantité de petits animaux). Lors de
l'arrosage, chaque brin de mousse pulvérise et aère l'eau qui ne
cimente plus le sol ; ainsi les binages sont inutiles. Au
printemps, la plante repart beaucoup plus vite, souffrant moins
des gelées, car la terre qui l'entoure n'est pas froide.
REGENERATION DU SOL PAR LE
COMPOST
Pour que l'humus soit bien utilisé par
les plantes et les arbres, il faut les minéraux correspondants,
comme un médicament naturel, pour rendre la santé à une terre
carencée dont il a besoin rapidement.
Par la méthode biologique, avec l'aide
des engrais verts, du compost, de l'apport d'humus, il est facile
de redonner la vie à une terre qui meurt, mais il faut au moins 3
ans :
- pour permettre aux vers de terre encore
existants de reprendre vigueur et de se multiplier
- pour retenir l'eau de pluie, qui s'écoule
rapidement, comme à travers un filtre, jusqu'aux couches
argileuses
- pour éviter que la terre, si elle est
argileuse, se prenne comme un ciment aux beaux jours.
Les amendements naturels tels que :
feuilles pourries, humus des forêts, cendre d'herbes, de
feuilles, ne peuvent être envisagés que pour les tout petits
jardins. Le varech, le goémon et le guano se trouvent facilement
dans les régions maritimes.
Les amendements minéraux doivent
provenir d'une source naturelle (mines, carrières) et être
bruts. Tous les résidus de l'industrie doivent être rejetés énergiquement
(nitrates synthétiques, résidus d'épurage du gaz, résidus
d'abattoirs, tourteaux épuisés, etc.). Il existe des amendements
- calcaires : chaux, marnes, craies broyées,
dolomies
- siliceux : poudre de silice, silicium,
poudre d'ardoise
- argileux: argile en poudre ou finement
concassée
- azotés: nitrate de soude du Chili (très
dangereux à la consommation), phosphates du Maroc
- potassiques: sylvinite d'Alsace,
phosphates des Pyrénées, poudres de mica
- sodiques : sel marin.
Utiliser ces produits suppose de connaître
parfaitement les réactions du sol à soigner. C’est pourquoi,
avant cette médication de choc, il faut laisser en jachère,
pendant 1 an, 2 ou 3 m² pour un petit jardin, 1 are pour un
terrain plus grand. L'observation attentive, au cours de l'année,
indiquera les carences du sol. Les amendements minéraux seront
incorporés pendant l'hiver suivant.
Le calcaire et les oligo-éléments sont
absolument indispensables à une bonne culture biologique. Un
petit poudrage de maërl après les semis donnera vigueur et
solidité aux jeunes plantes. Toutefois, il ne faut pas tomber
dans l'excès contraire et recouvrir tout de maërl ; les
feuilles ne pourraient plus respirer, et l'excès de certains éléments
bloquerait la bonne utilisation des autres.
Il faut se rappeler le principe d’harmonie
: en effet, de même que dans l'alimentation humaine, les
rapports entre les différents éléments sont plus importants que
les quantités.
Le compost doit toujours être humide et
aéré, et non pas sec, ou mouillé, ou compact. Par temps sec, il
faut l'arroser, et il doit toujours être protégé soit par des
buissons, soit par des arbustes ou des nattes de paille ou des
plantes telles que concombres, potirons, lupins, que l'on sème près
du tas et que l'on fait courir dessus. Une
haie de sureau est particulièrement indiquée autour du coin à
compost.
Au bout de 6 mois, retourner et bien mélanger,
puis reconstituer un tas, le recouvrir de terre, et l'utiliser 4
à 5 mois après. On obtient ainsi une terre fine à odeur de forêt,
extrêmement riche.
REGENERATION DU SOL PAR LE
FUMIER
De la colombe au vieux cheval, en
passant par les pigeons, les poules, les canards, les oies, les
dindes, les moutons, les chèvres, l'âne, chacun peut trouver son
fournisseur personnel de fumure naturelle.
Un cheval est ainsi très suffisant pour l'entretien d'un hectare,
et un mouton ne doit pas séjourner plus de 6h/m²/an si l'on veut
conserver une terre équilibrée.
-Le fumier de cheval ou d'âne est le
plus apprécié parce qu'il permet de faire facilement des couches
chaudes ; sa composition est sensiblement la même que celle du
fumier de mouton qui s'échauffe aussi, contrairement aux fumiers
de vache ou de porc qui sont des fumiers froids.
-Les excréments des pigeons, colombes,
tourterelles sont très riches et agissent très vite. La
colombine est le seul fumier animal que puisse obtenir un
jardinier propriétaire d'un tout petit coin de terre ; mais son
excellence est telle qu'un couple par are cultivable est
suffisant. Elle ne doit jamais être employée en couverture elle
brûlerait toute la végétation. La poulaille est l'ensemble des
fientes de volatiles de basse-cour ; bien qu'un peu moins énergique
que la colombine, elle est encore très riche. Cette richesse
permet l'entretien d'un jardin moyen, grâce à un poulailler bien
conçu.
Les excréments doivent toujours être
mélangés à de la paille, qui retient l'humidité et évite
toute perte ; à défaut, les feuilles sèches, le foin, le varech
ou la tourbe sont nécessaires.
La préparation du fumier est différente
suivant la quantité obtenue. Les petits volumes seront incorporés
au compost, la couche ne sera pas laissée à l'air, mais
recouverte de terre et arrosée. Un arrosage, en dehors des
chaleurs, est suffisant ; mais en été, il faut entretenir
l'humidité pour éviter le développement de champignons qui
diminueraient de façon appréciable la richesse en azote.
On peut évidemment se procurer un peu de
fumier dans une ferme voisine, mais il faut être sur qu’aucun
produit insecticides, fongicides ou médicamenteux n’est utilisé,
car les litières sont souvent traitées pour permettre aux
animaux de résister aux parasites, sans compter que les animaux
eux-mêmes peuvent avoir été soignés ou être malades, et
contaminer leur litière, ou rejeter des produits nocifs par les
voies naturelles. Si l'on n'est
pas certain des soins donnés aux animaux, il est plus profitable
de se passer de fumier et de se contenter de compost.
ASSOCIATIONS BIODYNAMIQUE
DES PLANTES
Ont-elles une influence positive l'une
sur l'autre ? Leur association est-elle compatible avec les
plantes qui poussent bien dans la région ? Se cultivent-elles à
la même période ? Ont-elles les mêmes exigences de
fertilisation et d'arrosage ? Pour les légumes de conservation,
la récolte de l'un est-elle compatible avec la culture de l'autre
? Quelques unions biodynamiques de
plantes sont particulièrement intéressantes et
devront guider la recherche de l'emplacement des semis et
plantations:
- les haricots (pour
le grain) avec les asperges
- les laitues avec les
artichauts
- les chicorées avec
les fraisiers
- les grosses laitues
avec les choux
- les radis avec les
salades vertes
- la mâche avec les
choux de Bruxelles
- les carottes avec les
navets ronds (à semer très clair) et les pois
- les tomates avec le
persil
- les céleris avec les
haricots
- les pommes de terre
avec le raifort (modérément)
- les cornichons avec
les haricots
- le cresson alénois
avec les semis de chou
- le thym avec tout. |
Par contre, éviter
:
-la proximité des cornichons et concombres
avec les tomates, leur rendement est moindre, et les concombres
sont souvent amers ;
-de planter des choux de Bruxelles à la
suite des petits pois.
En préparant les cultures intercalaires, il
faut penser à ces amitiés pour obtenir un rendement maximum sans
abîmer le terrain.
VI/ PROTECTION DES CULTURES
« Déverse-t-on un insecticide sur
une contrée ? Une fois cisaillée cette maille de la chaîne
biolo-gique naturelle, les mailles suivantes disparaissent tour à
tour, jusqu'aux êtres supérieurs, comme un nerf dégénère de
proche en proche une fois qu'on l'a sectionné. » Dr.
R. LAVARJET.
Salade coupée par le ver blanc, fraise
grignotée par l'escargot ou chou percé par la chenille, il faut
compter qu'1/10e de la récolte sera pour les animaux, même ceux
appelés nuisibles parce que leur utilité n'est pas encore démontrée.
Le partage juste d’une récolte
qui serait impossible sans l'aide indirecte des animaux ? Néanmoins,
il faut savoir que les animaux ne prélèvent pas leurs aliments
au même stade de maturité: par
exemple, les oiseaux mangent les cerises plus mûres que nous les
aimons, 4 à 5j après; et que pour protéger certains fruits, on
peut, lorsque le verger est spacieux, planter un cerisier Belle de
Choisy. Très prolifique, cet arbre garde des cerises tendres,
juteuses, et assez acides pendant plus de 2 mois, ce qui est tout
à fait au goût des merles et autres oiseaux. Ce cerisier est un
arbre décoratif, au milieu d'une pelouse, où il devient vite une
volière. Les seuls soins à donner sont un élagage des petites
branches du centre tous les 2 ans et un apport de compost chaque
automne.
VERS DE TERRE, LIMACES,
ESCARGOTS,
CHOUETTES, HÉRISSONS ET
MOINEAUX
- Indispensables pour qu'une terre soit
vivante, les vers de terre
s'enfoncent dans le sol à plus d'un mètre, et ainsi renouvellent
les minéraux de la couche superficielle. Ils aèrent et drainent
la terre en profondeur, mieux qu'un labourage, car ils ne la
blessent pas. Leurs déjections sont de l'humus pur ;
après leur mort, leur corps en décomposition permet des
modifications chimiques du sol qui l'enrichissent. Darwin a écrit:
« Sans eux, pas de terre cultivable » ; en effet un sol
en bon état en contient de 250 kg à 350 kg à l'hectare. Le Dr
Pfeiffer rappelle que la quantité de vers est le baromètre de la
fertilité du sol.
-Il faut savoir que les
escargots ne mangent que les premières feuilles de salade dures
et peu agréables. Dans les
fraisiers, il est facile de les ramasser, le matin, dès que les
premières fraises sont formées, et d'aller les porter dans une
friche ou un bois où ils ne gêneront personne. Dans un très
grand jardin où des taillis sont respectés, le
hérisson fera la police, et l'on
s'apercevra de ses promenades au potager par la présence de
coquilles vides.
- Les hérissons
aiment beaucoup habiter dans les anfractuosités d'un tas de
pierres, ou sous les tas de fagots. On peut prendre l'habitude de
déposer les escargots ennuyeux sur ce tas de pierres ou de
fagots, puis d'offrir de temps en temps une assiette de lait, le
soir. Ainsi, le petit carnivore s'installera à demeure dans le
jardin et le nettoiera de nombreux
animaux parasites (des papillons
aux souris), et même des oiseaux morts.
- Pour les limaces,
le premier responsable de leur présence, est le fumier enterré.
Il est quasi impossible de supprimer les limaces dans un jardin où
le fumier est régulièrement réparti et incorporé à la terre
de surface. Il est donc nécessaire de composter pour se débarrasser
des petits animaux et insectes tels que cloportes, millepattes,
petits vers, tous désagréables à trouver dans les légumes. La
transformation du fumier en humus au cours du compostage en élimine
l'excès, car leur présence en petit nombre est bienfaisant...
indirectement.
- Il arrive aussi qu'escargots et limaces
proviennent d'un autre jardin : une
bande de mâchefer de 15 cm de large limitée par 2 planchettes,
et recouverte de sable formant dôme, les arrête à peu près
complètement.
- La chouette
et les animaux de la même famille sont les meilleurs auxiliaires
du jardinage, faisant de tous les
gros insectes et petits rongeurs, leurs proies habituelles. Pour
qu'elle ne quitte pas le jardin, on plantera, au milieu, un poteau
de 3m de haut qui lui servira de perchoir.
- Dans les jardins limitrophes des
villes, les moineaux trop nombreux
et mal nourris par suite du manque de haies et de bosquets,
ravagent les semis. Aussi, il faut prévoir à leur intention
autant de haies qu'il est possible.
Quant à défendre le semis, on peut faire tremper les graines
dans une infusion froide de quassia amara (30g/l), 4 à 5h pour
des pois, 15 mn pour les graines les plus fines. La poudre de
camphre, saupoudrée sur un semis, éloigne aussi les oiseaux
quelques jours.
LES PARASITES
La meilleure prévention / protection est
de maintenir les plantes et les
arbres en bon état, les unes en entretenant
une terre riche, humide et aérée
à leur pied (au besoin en la recouvrant de mousse ou de compost
de feuilles), les autres en évitant
une croissance trop rapide par
apports brusques d'engrais naturels.
- Les
capucines semées au pied des arbres fruitiers parfument leur écorce
et chassent les pucerons ; une
pulvérisation de tisane de prêle (25 g/l) additionnée de 100g
d'argile, au printemps, arrête la poussée des mousses et
champignons proliférant sur l'écorce ;
- Les pucerons s'installent souvent sur
les fèves ; on a remarqué que c'était toujours entre la
formation des 4e et 8e groupes de feuilles. Pour les éviter, il
faut semer les fèves en lignes
espacées afin que l'air pénètre
bien entre chaque feuille ; pendant la période fatidique, aider
à leur développement en arrosant largement à l'eau argileuse
additionnée d'une infusion de camomille (faire infuser 5 têtes
pour un arrosoir de 10 litres). Dès l'apparition du 8e groupe de
feuilles, il n'y a plus de danger ; le Dr Pfeiffer suppose que
leur goût change et déplaît aux pucerons.
- La piéride
a horreur du romarin et de la sauge,
il faudra en faire des bordures ;
- Le
chanvre arrête les courtillières et les doryphores.
- Les vers
blancs affectionnent les épinards
et les pommes de terre ; s'ils ont envahi un coin de jardin, étaler
ces plantes à la surface de la terre ; quelques jours après les
retirer remplies de vers. Poser le tout sur un tas de compost, et
les oiseaux du voisinage termineront le nettoyage.
- Les
taupes n'aiment pas l'odeur de la scille,
car elles vont construire plus loin leurs galeries, si l'on place
quelques bulbes de scille là où ces petits animaux sont gênants.
Les scilles horticoles, prévues pour la garniture, grâce à
leurs jolies fleurs bleues, font très bien l'affaire (scilla
sibirica, entre autres). Par ailleurs, ils font un bon travail de
nettoiement de la terre, en profondeur. On peut aussi utiliser des
branchettes de sureau, piquées de place en place, sur le trajet
des galeries.
- Les rats campagnols pour les plants de
fèves et pois, les taupiers pour les artichauts font couramment
50% de dégâts dans les jardins de ceux qui ne savent pas que quelques
plants d'Epurge médicinale ou Euphorbia Latiris chassent les rats
campagnols de 3 à 10m à la ronde suivant les terrains.
Attention : l'effet n'est sensible que de 8 à 25j après
plantation (suivant la fréquence des pluies) ; donc, planter de
préférence avant les semis de fèves et pois ; pour les
artichauts (rats, taupiers), planter en août/ septembre. Les
graines d'epurge sont très difficiles à faire germer ; il faut
se procurer des plants (dans les prairies).
-
L'altise abîme beaucoup les
jeunes choux. Elle n'aime pas l'odeur du cresson alénois. En
entourant le semis de choux d'un autre de cresson alénois, on évite
bien des désagréments. Les altises ne supportent pas non plus
les tomates, en semer quelques pieds avec les choux et les radis
- Les
fourmis battent en retraite devant l'ail haché déposé sur leur
chemin. Si une fourmilière est
installée au pied d'un arbuste, ce n'est pas suffisant. On
renverse alors, sur la fourmilière, un grand pot de fleurs empli
de terre et de mousse. En une semaine, les fourmis sont installées
dans le pot, il n'y a plus qu'à les déménager. Par ailleurs, le
scarabée vert est l'ennemi des fourmis, il ne faut pas l'éloigner
du jardin de rapport.
- Si les
coccinelles sont rares, les pucerons prolifèrent.
Il faut entretenir un petit élevage des premières, en
sauvegardant leurs oeufs pendant l'hiver ; ils sont souvent déposés
sur l'envers des feuilles de rosiers, sous forme de taches foncées,
jaune-orange ; en rassemblant les branches de rosiers coupées en
tas pendant l'hiver, et en les détruisant seulement après les
premières feuilles, on évite un massacre de coccinelles.
- Les
hannetons renoncent en général aux terres arrosées de décoctions
d'orties. L’ortie s’avere être
un stimulant bio-dynamique à double action car il est aussi
insecticide (en particulier contre le ver du poireau). On répand
cette préparation par pulvérisations, après le coucher du
soleil.
Quelques traitements avec précautions
:
Contre les pucerons, on peut
faire un arrosage avec une décoction de quassia-amara, un
poudrage à la pyrèthre,
ou encore une macération de morelle
(douce amère).
- La
morelle a les mêmes vertus que le tabac, et, utilisée en prévention,
ne permet pas l'installation des insectes.
Cette décoction sert aussi à diluer l'argile des badigeonnages
des arbres fruitiers, ce qui éloigne les papillons et dissuade de
pondre sur les écorces. La morelle est une solanée dont il faut
éviter l'ingestion par les animaux familiers et les enfants.
- Le pyrèthre
aussi, est très intéressant car, plutôt qu'insecticide, il est
insectifuge, et de ce fait ne perturbe pas beaucoup la vie des
insectes utiles ; de plus, il est
absolument sans action sur les animaux à sang chaud.
La composition des macérations de ces 2
plantes est peu stable et doit être pulvérisée très
rapidement.
Si la plante entière (feuilles, fleurs,
fruits) est utilisée, une grosse poignée de morelle ou de pyrèthre
haché pour 10 l d'eau tiède est suffisante. Il faut toujours
ajouter une poignée de calcaire broyé ou d'argile en poudre pour
obtenir une bonne émulsion. La macération remuée 10mn est
utilisée aussitôt. La morelle ne se trouve pas dans le commerce,
mais on peut facilement la ramasser dans les champs à l'automne ;
le pyrèthre est fourni sous forme de poudre, quelquefois très
peu riche en pyréthrines. Pour obtenir un résultat certain, on
mettra 15 à 20g par litre d'eau.
- Bien que moins dangereux que les
produits chimiques, il reste préférable
de se passer de la rotenone, glucoside
extrait de plantes exotiques (Derris, Timbo, Cubé), non toxique
pour les animaux à sang chaud, à condition de ne pas pénétrer
par voie cutanée.